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vendredi 11 septembre 2015

Pukhtu Primo de DOA

Le terme pukhtu renvoie aux valeurs fondamentales du peuple pachtoune, l'honneur personnel — ghairat — et celui des siens, de sa tribu — izzat. Dire d'un homme qu'il n'a pas de pukhtu est une injure mortelle. Pukhtu est l'histoire d'un père qui, comme tous les pères, craint de se voir privé de ses enfants par la folie de son époque. Non, plutôt d'une jeune femme que le remords et la culpabilité abîment. Ou peut-être d'un fils, éloigné de sa famille par la force du destin. A moins qu'il ne s'agisse de celle d'un homme cherchant à redonner un sens à sa vie. Elle se passe en Asie centrale, en Afrique, en Amérique du Nord, en Europe et raconte des guerres ouvertes et sanglantes, des conflits plus secrets, contre la terreur, le trafic de drogue, et des combats intimes, avec soi-même, pour rester debout et survivre. C'est une histoire de maintenant, à l'ombre du monde et pourtant terriblement dans le monde. Elle met en scène des citoyens clandestins.

Avis d'un membre du club Rouletabille (Louis B.) :


L'auteur démarre une "saga" qui se passe en 2008 pendant la guerre en Afghanistan...quel genre de roman ? C'est rempli d'espions mais ce n'est pas un roman d'espionnage : je dirais un "récit de guerre"

Officiellement les talibans se battent contre l'armée américaine. Mais la CIA est sur place bien sûr, également des "paramilitaires" (mercenaires si vous préférez) qui n'ont aucune hiérarchie et font (très bien) le sale boulot, parfois bien utile. S'y ajoutent quelques espions, des journalistes et des "locaux"...

Ces locaux  n'aiment ni les talibans ni les américains : ils respectent leur famille, leur clan, leur religion et leurs affaires (contrebande et trafic de drogue)....Et par dessus tout le Pukhtu, l'honneur personnel....attention, l'honneur personnel n'est pas d'être respectueux de tous, un bon citoyen ou d'aider les malheureux...non l'honneur c'est d'être respecté (craint), obéit par sa famille (sinon ça chauffe), obéit par son clan et respecté par les talibans...

Naturellement les filles ne comptent pas...en principe. Mais le chef d'une puissante tribu pachtoune (dans ces fameuses "zones tribales" si propice à tous les trafics) lui, adore (en secret) sa fille....Et quand elle est tuée dans une opération militaire (dirigée contre les talibans) c'est la vengeance qui prends le dessus : le père s'associe aux talibans pour retrouver les "responsables" : ce sont les fameux "paramilitaires" qui se sont mis l'armée à dos (car ils ne supportent aucune hiérarchie), qui sont espionnés même par la CIA (qui les soupçonne de divers trafics), et qui vont se trouver face à un ennemi à leur mesure.

DOA décrit les combats avec réalisme...mais pas seulement, il nous fait pénétrer dans la psychologie des personnages, souvent plus complexes que leur apparence, démontre l'absurdité d'une guerre dans un pays où tout le monde se fout du pays lui-même, corruption endémique, traditions et mentalité incompréhensibles pour les américains...

Alors, on défends qui ? Son honneur ? Son fric ? Ses trafics ? Que fait-on quand on est paramilitaire, qu'on a évidemment raté toute vie de famille ? On tue par habitude et on attends son fric....
Si l'on est de la CIA, on a aussi raté pas mal de trucs, on attends la fin de la guerre..
On est militaire ? ....Pareil
On est chef de clan pachtoune ? On attends sa vengeance...
On est taliban ? On attend rien , le temps joue pour eux.
DOA sait faire vivre un récit...Il a même de l'humour....Qui fait froid dans le dos.

Note 15/20

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