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mardi 28 avril 2020

L'empathie d'Antoine Renand

« Il resta plus d’une heure debout, immobile, face au lit du couple. Il toisait la jeune femme qui dormait nue, sa hanche découverte. Puis il examina l’homme à ses côtés. Sa grande idée lui vint ici, comme une évidence ; comme les pièces d’un puzzle qu’il avait sous les yeux depuis des années et qu’il parvenait enfin à assembler. On en parlerait. Une apothéose. »
Cet homme, c’est Alpha. Un bloc de haine incandescent qui peu à peu découvre le sens de sa vie : violer et torturer, selon un mode opératoire inédit.
Face à lui, Anthony Rauch et Marion Mesny, capitaines au sein du 2e district de police judiciaire, la « brigade du viol ».
Dans un Paris transformé en terrain de chasse, ces trois guerriers détruits par leur passé se guettent et se poursuivent. Aucun ne sortira vraiment vainqueur, car pour gagner il faudrait rouvrir ses plaies et livrer ses secrets. Un premier roman qui vous laissera hagard et sans voix par sa puissance et son humanité.



Avis d'un membre du club Rouletabille (Valérie L.) :



Deux enquêtes menées par l’équipe du Capitaine Anthony Rauch et Marion Mesny de la brigade des viols : la première sur une série de viols qui se déroulent dans des ascenseurs. La seconde confronte nos deux enquêteurs à Alpha, un violeur en série, qui s’attaque à des couples et qui n’hésite pas à torturer ses victimes selon un mode opératoire très particulier. Aussi insaisissable qu’un lézard, la traque de ce dernier va bousculer l’équipe et rouvrir des blessures trop profondes pour être cicatrisées.

Mixe de roman policier et de thriller redoutable.

Antoine Renand n’hésite pas à nous donner des détails des sévices subis par les victimes ce qui peut être dérangeant. Je m’interroge d’ailleurs sur la pertinence de ces descriptions car la qualité du roman est ailleurs : dans le rythme, l’intrigue bien construite et  l’analyse psychologique des personnages.

Ames sensibles s’abstenir ! 

Une femme de rêve de Dominique Sylvain

Pas d’erreur, cette fille était de la race des vaincus. Elle ne tenterait rien. En bonne intello, elle se contenterait d’analyser. Et tu en arriveras à la conclusion que mon père n’a aucune raison de te vouloir du mal. Une déduction erronée. Le souci avec lui, c’est qu’il n’a jamais été maître des émotions étranges qui chevauchent dans les méandres de son esprit. Il est comme un demi-dieu, capable du pire comme du meilleur. Un être absurde et merveilleux, dépourvu d’empathie, sans peur, susceptible de se lancer dans des actions inutiles et sacrément périlleuses pour lui et son entourage.

Avis d'un membre du club Rouletabille (Valérie L.) :



 Tout commence dans une prison. Nous assistons à l’évasion d’un détenu, braqueur multi récidiviste, dont le dernier braquage s’est achevé dans un bain de sang,  Karmia, légende déchue. Il prend en otage Adèle, qui enseigne le cinéma dans cette prison. Face à lui Schrödinger, ancien flic, dont une de ses anciennes collègues est toujours dans le coma. Les autres personnages sont féminins : la fille de Karmia, Nico, passionnée d’écologie, qui admire et idéalise son père ;  Laurence ex de Karmia, peut être la femme de rêve.

Dominique Sylvain s’amuse avec les codes du polar et joue avec le lecteur. Elle brouille les pistes : plutôt que le coupable n’est-ce pas la victime qu’il faut chercher ?

Dominique SYLVAIN insère dans le récit quelques chapitres oniriques, dont on ne comprend, de prime abord, pas bien le sens. Qui est Doris appelée aussi l’Elue ? Est-ce un rêve, est-elle morte ?

Coup de cœur pour ce roman policier singulier, très original, un peu fou et très bien construit.

Blanche ou la triple contrainte de l’enfer d’Hervé Jubert

Paris, 1870. L'armée prussienne encercle la ville. Les Parisiens sont prisonniers et l'hiver s'annonce terrible. Blanche, dix-sept ans, est prise au piège comme les autres. Heureusement, son oncle Gaston, commissaire à la Sûreté, est là pour la protéger. Mais une enquête difficile le préoccupe... En effet, un cadavre est retrouvé dans les jardins du Palais-Royal, trépané, un tatouage occulte sur le bras gauche. Blanche, passionnée par les méthodes d'investigation, se met en tête d'aider Gaston, et sa route croise bientôt celle d'un deuxième tatoué, assassiné lui aussi. Dans une ville guettée par la famine, la jeune fille plonge au cœur d'un palpitant mystère et d'une terrible vengeance, aux frontières de la magie noire.

Avis d'un membre du Club Rouletabille (Valérie L.) :



 1er tome d’une trilogie. Béa me l'avait recommandé et nous en avons parlé au dernier Rouletabille

L’auteur nous entraîne en 1870, alors que les Prussiens assiègent Paris. Blanche Paichain, 17 ans, qui devait fuir la capitale pour la province avec ses parents se retrouve séparée de sa famille lors d’une bousculade sur le quai de la gare et ne peux prendre le train. Seule, elle rejoint son oncle Gaston resté à Paris, qui est commissaire de police. Celui-ci examine le cadavre d’un individu portant un étrange tatouage. Peu de temps après d’autres victimes sont retrouvées avec ce même tatouage. Blanche, intrépide, qui rêve d’être enquêtrice, se lance à la poursuite de l’assassin au nez et à la barbe de son oncle.

C’est un très bon roman policier pour la jeunesse à partir de 14 ans, qui nous plonge dans les années 1870 en plein cœur de la guerre franco-prussienne et de la commune. On y croise Nadar et Sarah Bernhardt.  L’auteur y ajoute une note de fantastique qui convient tout à fait à cette époque qui s'intéresse aux  sciences occultes.

Les morts de Bear Creek de Keith Mc Cafferty

Sean Stranahan, peintre amateur, guide de pêche et détective privé à ses heures perdues, se sent de plus en plus chez lui dans le Montana dont il connaît désormais les rivières comme sa poche. Mais les âpres paysages des Montagnes Rocheuses livrent parfois de macabres trouvailles - comme les cadavres de ces deux hommes exhumés par un grizzly affamé. Le shérif Martha Ettinger fait appel aux talents d'enquêteur de Sean, décidément très convoités : le même jour, il est embauché par un club de pêcheurs excentriques pour retrouver une précieuse mouche de pêche volée.
Les deux affaires vont se télescoper sur une piste escarpée menant vers quelques-unes des personnes les plus puissantes de la vallée de la Madison. Ce nouveau volet trépidant et plein d'humour des aventures de Sean Stranahan et de Martha Ettinger exigera d'eux une action aussi précise qu'un lancer de mouche et aussi rapide qu'une balle.

Avis d'un membre du club Rouletabille (Valérie L.) :

Sean Stranahan est enquêteur privé, peintre et guide de pêche dans le Montana. Lorsque 2 corps sont découverts dans la montagne, le shérif Martha Ettinger le sollicite pour aider son équipe à résoudre cette affaire.

Dans le même temps, il est également embauché par les membres excentriques du « club des menteurs et monteurs de mouches », pour retrouver une boîte contenant des mouches de collection, qui leur a été volée.
Dans ce roman, une grande place est faite à la nature, les montagnes et les rivières du Montana, mais aussi à la chasse et à la pêche, avec moult descriptions. Keith Mc Cafferty est un passionné de pêche à la mouche et sa se sent. Ce roman est une ode à cette région où il vit.
Si dans la première partie les descriptions des paysages, de ses charmes, les techniques de pêche et du montage des mouches prennent le dessus, la deuxième partie est d’avantages centrée sur les enquêtes.
Je ne me suis pas ennuyée en lisant ce roman : les personnages sont attachants, on sent l’enthousiasme de l’auteur pour cette nature sauvage et ses vertus, enthousiasme communicatif qui donne presque envie d’aller faire un tour dans le Montana et même de s’essayer au lancer d’une ligne ou deux dans les rivières impétueuses (alors même que je n’ai jamais été attirée par la pêche qui me semble être un loisir des plus ennuyeux).
J’ai tout de même regretté que l’enquête soit reléguée au second plan, presque un prétexte dans ce roman.