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jeudi 10 décembre 2020

De soleil et de sang de Jérôme Loubry



Haïti, décembre 2009, des crimes atroces ont lieu dans les quartiers chics de Piéton-Ville. La mise en scène évoque des crimes vaudous, mais l’inspecteur Simon Bélage, chargé de l’enquête, n’y croit pas. Il sait quel mal peut être commis au nom de ces croyances.

Alors que ses supérieurs lui demandent de trouver un coupable, quitte à le créer de toutes pièces, Simon découvre une photo qui le met sur la piste de la « Tombe joyeuse », un orphelinat qui a fermé après un drame en 1984.   

En France, Méline et Vincent s’aiment et se marient en 2009. La jeune femme affronte le décès de son père, suivi rapidement par celui de sa mère. Ne parvenant pas à surmonter ce double deuil, elle décide de s’accorder une pause et de partir à Haïti avec sa nouvelle amie Sybille qui travaille pour une association humanitaire.  

Quel lien relie les meurtres à cet étrange orphelinat ? Quelle est la relation entre cette affaire et Méline ?


Avis d'un membre du club Rouletabille (Valérie L.) : 

De soleil et de sang est le 4ème roman de Jérôme Loubry, qui nous mène cette fois-ci à Haïti quelques jours avant le séisme du 12 janvier 2010.

Jérôme Loubry est doué pour croiser les histoires, déstabiliser et surprendre le lecteur. Il dénonce dans ce roman l’exploitation des enfants et les trafics autour des adoptions, dans un pays où la majorité des orphelinats sont illégaux et non-contrôlés. 

Il décrit également la dictature menée par Duvalier et celle des gangs des rues, la corruption touchant même l’humanitaire. 

Ce roman confirme le talent de Jérôme Loubry, même si je le trouve moins bon que "Les refuges" qui était pour moi une révélation et un gros coup de cœur.


mardi 8 décembre 2020

Les enfants perdus de St Margaret d'Emily Gunnis

 


Lorsque Samantha, jeune journaliste anglaise, découvre chez sa grand-mère les lettres déchirantes écrites dans les années 1950 par Ivy Jenkins enfermée par sa famille à l’institut St Margaret, qui accueillait les jeunes femmes rejetées par leurs proches, elle décide d’enquêter sans se douter que son enquête va mettre au jour de terribles secrets.

 


Avis d'un membre du club Rouletabille (Valérie L.)



Ce roman n’est pas sans rappeler le film de Peter Mullan, The Magdalene Sisters, puisqu’il se passe dans un institut identique ; établissements tenus par des sœurs qui existaient aussi au Royaume-Uni.

 

A travers des allers-retours entre le passé et le présent, des années 1950 à 2017, l’auteur nous raconte les destins tragiques d’Ivy et d’Elvira, la complicité et le silence de toute une communauté, les abus, la violence, les conditions dramatiques d’internement et les répercussions sur plusieurs générations.

 

Ce premier roman tout en tension se lit comme un thriller. Les pages se tournent avec avidité pour atténuer le  malaise que l’on ressent jusqu’à ce que la vérité éclate enfin.

 

Une lecture intense !



mercredi 2 décembre 2020

Coup de froid sur l’Afrique

Comme promis une petite sélection d'auteurs africains :


African Psycho d’Alain Mabanckou


 Agressions ratées, larcins minables, viols abrégés : Grégoire Nakobomayo n'est qu'un délinquant de faible envergure. Pourtant, il est sûr d'avoir l'étoffe d'un grand criminel. Depuis tout petit il rêve d'égaler les exploits de son " idole ", le terrible Angoualima qui fait la une des journaux. Mais cette fois c'est sûr, Grégoire va commettre un crime parfait. La victime trouvée, l'arme dissimulée, le scénario rodé, il ne reste plus qu'à passer à l'acte...

Alain Mabanckou est poète et romancier. En 2015, il a été professeur de création artistique au Collège de France. Il est notamment l'auteur de Mémoires de porc-épic – prix Renaudot –, Petit Piment et Le monde est mon langage.

 

Al Capone le malien de Sami Tchak

 

Le prince s’est frayé un chemin au milieu des danseuses excitées pour marcher vers Binétou Fall. Il lui mit la main sur l’épaule. Elle eut un sourire crispé. Les femmes poussaient leurs cris. 

À la surprise générale, son altesse Edmond VII ouvrit d’abord la bouche comme s’il s’apprêtait à avaler l’univers, puis il souffla bruyamment au-dessus de la tête de Binétou Fall. J’étais présent, j’avais vu. Un pigeon blanc est sorti de la bouche de l’homme doré pour se poser sur la coiffe de Binétou Fall. Tous les dignitaires se sont levés, les yeux écarquillés. Venu à l’origine faire un reportage sur un balafon légendaire conservé précieusement à la frontière entre la Guinée et le Mali, René se retrouve coincé dans un hôtel de luxe de Bamako. 

Loin de la vision de l’Afrique traditionnelle incarnée par le vieux et intègre Namane Kouyaté, le protecteur du balafon magique, le Français y découvre une tout autre Afrique, celle de la corruption, des affaires de mœurs et des meurtres sanglants… Fasciné toutefois par cet univers du luxe et de la débauche, il plonge corps et âme dans une folle aventure où le sexe, l’argent et les plus grands secrets d’état semblent inextricablement mêlés. Mais qui sont réellement la Princesse Sidonie, la belle Binétou Fall, ou encore la jeune inconnue de la piscine ? Et surtout qui est Al Capone, alias le Prince Edmond VII, cet homme magnétique autour de qui toutes gravitent ? Qui est donc ce feyman qui fit ses premiers pas sous l’égide du King Donatien Koagne, le roi de l’escroquerie à l’échelle planétaire… 

Les masques tombent les uns après les autres autour de René, la question est de savoir jusqu’où il sera prêt à aller dans sa quête à la fois de l’amour et de la vérité. Avec sa voix singulière, Sami Tchak peint une Afrique partagée entre poésie et violence, cruauté et sensualité.

 

La malédiction du lamantin de Moussa Konaté

 

Au cœur de la saison sèche, sans prévenir, le fleuve Niger entre en furie, laissant sans vie le chef Kouata et son épouse. Ils étaient tous deux des Bozos, une ethnie réputée pour sa connaissance des mystères du monde aquatique. En dépit des preuves apportées par le commissaire Habib, les villageois croient à une mort surnaturelle : c'est le Lamantin, le génie du fleuve, qui s'est vengé. Mais de quoi ?


Essayiste, dramaturge et romancier, Moussa Konaté est considéré comme le meilleur représentant de la littérature malienne. Il partage son temps entre la France et Bamako, où il a créé une maison d'édition. La Malédiction du Lamantin est une nouvelle enquête du commissaire Habib.

 

 

Le chasseur de lucioles de Janis Otsiemi

À Libreville, une prostituée est découverte sauvagement assassinée dans un motel de la périphérie. Les agents de la PJ - de fidèles abonnés des bordels de la capitale - pensent tout d'abord à un crime de rôdeur...

Quand une seconde fille est retrouvée égorgée dans un autre hôtel du quartier, les policiers sont encore loin d'imaginer qu'ils ont affaire à un client bien décidé à nettoyer la ville de toutes ses lucioles...

Celui qui te veut du mal la nuit a commencé à t'en vouloir le jour.

C'est dans ce climat de psychose générale que les gendarmes de la DGR enquêtent de leur côté sur le braquage d'un fourgon de la Société Gabonaise de Sécurité dont le butin de plusieurs millions de francs CFA attise bien des appétits...

Janis Otsiemi est né en 1976 à Franceville au Gabon. Il vit et travaille à Libreville. Il a publié plusieurs romans, poèmes et essais au Gabon où il a reçu en 2001 Le Prix du Premier Roman gabonais. Depuis 2007, il est Secrétaire Général adjoint de l'Union des Écrivains Gabonais.
 

 

La traque de la musaraigne de Florent Couao-Zotti

 

Quand Stéphane Néguirec, jeune Breton un brin rêveur, poète à ses heures, amoureux du large et des horizons lointains, débarque à Cotonou, au Bénin, il ne sait pas encore que question dépaysement, il va être servi !

Aux paysages enchanteurs qui l'électrisent, s'ajoutent les charmes des filles aux courbes délicieuses et notamment, ceux de la mystérieuse Déborah Palmer qui lui propose très vite un mariage blanc contre une fortune en billets verts.

À l'autre bout de la ville, Jésus Light, un voyou ghanéen, traque sans relâche sa femme, Pamela, partie précipitamment avec le butin de son dernier casse...

En temps normal, leurs chemins n'auraient jamais dû se croiser... Mais c'était sans compter sur cette bande de ravisseurs islamistes venus du Nigeria voisin à la recherche d'otages européens...

Florent Couao-Zotti, une des voix majeures de la nouvelle littérature africaine, lauréat du Prix Ahmadou Kourouma 2010, nous livre ici un âpre condensé de l'actualité politique en Afrique de l'Ouest.

 

La belle de Casa d’In Koli Jean Bofane

 

La belle Ichrak est retrouvée un matin assassinée dans une rue de Casablanca. Tous les hommes la craignaient autant qu’ils la convoitaient… 

L’enquête, racontée par un jeune Congolais récemment arrivé au Maroc, est prétexte au portrait de groupe d’un quartier populaire. Avec sa vision acérée d’une réalité amère et son humour mordant, In Koli Jean Bofane dénonce la corruption des puissants, les magouilles immobilières, la précarité des migrants et la concupiscence masculine.
 

La dernière rose de l'été de Lucas Harari

 

  • Résumé  

Léo, la trentaine, rêve de devenir écrivain. Il mène une vie solitaire à Paris entre son emploi alimentaire et son appartement, jusqu’au jour où il rencontre par hasard un de ses cousins qui lui propose de passer 1 mois dans sa maison de vacances au bord de la mer pour surveiller les travaux. Lieu idyllique, entouré de voisins aisés vivants dans de magnifiques villas d’architectes. Il va rencontrer la jeunesse dorée de ce quartier et particulièrement sa mystérieuse voisine, Rose, séduisante adolescente, capricieuse et sauvage. Mais est-ce vraiment le paradis car des jeunes hommes disparaissent, l’enquête menée par l’inspecteur Beloeil piétine, la tension monte…

  • Critique  
    Coup de cœur pour cette BD/roman graphique originale et très prenante, entre polar, roman noir et thriller, à l’atmosphère mystérieuse et oppressante qui n’est pas sans rappeler l’univers d’Hitchcock ou des réalisateurs de la nouvelle vague.
    L’illustration rétro, la mise en page et le découpage des vignettes, les couleurs franches, les jeux de lumière, servent magnifiquement cette ambiance qui prime sur l’histoire. 
    BD très cinématographique au rendu très moderne. 
    Une découverte !!!!

mercredi 14 octobre 2020

Toute la vérité de Karen Cleveland

 

Malgré un travail passionnant qui l'empêche de passer du temps avec ses enfants et un prêt immobilier exorbitant, Vivian Miller est comblée par sa vie de famille : quelles que soient les difficultés, elle sait qu'elle peut toujours compter sur Matt, son mari, pour l'épauler.
En tant qu'analyste du contre-renseignement à la CIA, division Russie, Vivian a la lourde tâche de débusquer des agents dormants infiltrés sur le territoire américain. Un jour, elle tombe sur un dossier compromettant son époux. Toutes ses certitudes sont ébranlées, sa vie devient mensonge. Elle devra faire un choix impossible : défendre son pays... ou sa famille.


Avis d'un membre du club Rouletabille (Valérie L.) :

Vivian Miller, mariée, 4 enfants, est analyste à la CIA, au sein du service de contre renseignement à la division Russie.  

Elle mène avec sa famille une vie confortable aux Etats Unis, jusqu’au jour où elle découvre que son mari est un agent dormant. Sa vie bascule alors d’autant que ce dernier lui avoue travailler pour la Russie depuis 22 ans et lui demande de le dénoncer. Déchirée entre sa loyauté envers son pays, sa carrière, sa famille et ses enfants, elle devra faire un choix…  

Vivian est-elle manipulée par ce mari attentionné, aimant, attaché à sa famille et ses enfants. Peut-elle faire confiance à cet homme qui a construit leur relation sur le mensonge ? 

Ce roman d’espionnage troublant tient en haleine et joue sur nos nerfs jusqu’à la dernière phrase.  

Machiavélique et très bien construit ! 


jeudi 27 août 2020

Le coeur et la chair d'Ambrose Parry

 

Le jeune Will Raven, issu d'un milieu modeste, est apprenti chez le Pr Simpson, dont la notoriété, le savoir-faire obstétrique et les recherches sur les anesthésiques en font une personnalité majeure de l'Ecosse victorienne.
Il règne une activité constante dans la célèbre demeure du 52 Queen Street à Edimbourg. Will y fait, entre autres, la connaissance de Sarah, femme de chambre et assistante de Simpson, dont le caractère bien trempé le déroute et le séduit tout à la fois. Mais à peine a-t-il le temps de prendre ses nouvelles fonctions que plusieurs femmes sont retrouvées sauvagement assassinées aux quatre coins de la ville. Parmi elles, une jeune prostituée, Evie, amie intime de l'apprenti chirurgien...
Face à l'indifférence des services de police, Will décide de mener l'enquête avec l'aide précieuse de Sarah. Une enquête qui les conduira tous deux au cœur sombre des enjeux scientifiques de l'époque.

Avis d'un membre du club Rouletabille (Valérie L.) :

Le coeur et la chair est un roman policier historique d’Ambrose Parry, pseudonyme de Chris Brookmyre (auteur de polars) et de son épouse Marisa Haetzmann (médecin anesthésiste)

Will Raven élève en médecine, de condition modeste, entre en apprentissage chez l’éminent professeur James Young Simpson à Édimbourg, obstétricien réputé, en contrepartie du gîte et du couvert.

Il rencontre Sarah, femme de chambre et assistante du Professeur qui tente de prouver qu’il n’y a pas que les hommes qui sont capables de travailler dans le domaine médical et de participer aux recherches scientifiques. Nous suivons dans ce roman les avancées médicales et notamment la découverte du chloroforme en 1840 à l’époque où les médecins testaient eux même les produits.

Lorsque plusieurs femmes sont retrouvées mortes, le corps étrangement contorsionné témoignant d’une mort douloureuse et violente, nos deux protagonistes vont décider d’enquêter alors que la police indifférente conclue à des suicides.

Ce roman se lit bien, les personnages sont intéressants. Les auteurs prennent le temps de nous les présenter. Nous les suivons d’ailleurs dans leurs différentes activités, ce qui nous les rend plus proches. J’ai d’avantages été gênée par l’écriture. La traduction m’a paru, à certains endroits, maladroite. 

Ce roman qui a remporté un grand succès Outre-Manche est en cours d’adaptation en série TV.

Un deuxième volet de la série est sorti en mai dernier : L’ART DE MOURIR qui est prévu dans notre prochain office.

vendredi 21 août 2020

Une disparition inquiétant de Dror Mishani

 

Ofer Sharabi n’est pas rentré de l’école.

Le commandant Avraham Avraham, alerté par la mère d’Ofer, n’est pas plus inquiète que ça : les adolescents fuguent volontiers.

Quelques jours plus tard, après l’enquête de routine et une battue infructueuse dans le quartier de Holon où vit la famille Sharabi, il faut se rendre à l’évidence : il s’agit bien d’une « disparition inquiétante ». Le policier, rongé par ses problèmes existentiels, est loin d’aborder l’affaire avec sérénité et lucidité. Il n’a même pas repéré le comportement étrange de Zeev, le voisin prof d’anglais qui donnait des cours particuliers à Ofer.

Dans cette banlieue modeste de Tel-Aviv, chacun a quelque chose à cacher. Et Avraham Avraham se révèle être un enquêteur des plus atypiques. Il faut dire qu’en Israël, selon lui, les tueurs en série, les enlèvements sordides ou autres crimes spectaculaires, ça n’existe pas.


Avis d'un membre du club Rouletabille (Valérie L.) :

Ce roman se passe dans une banlieue triste de Tel Aviv.  Le commandant Avraham Avraham enquête à contrecoeur sur la disparition d’Ofer, adolescent plutôt réservé et solitaire. Selon lui il s’agit d’une simple fugue, mais les jours passent et le jeune garçon reste introuvable. Devant l’absence de trace de sa disparition et de témoin, le commandant Avraham Avraham va devoir envisager d’autres hypothèses. 

Dror MISHANI décrit un Tel Aviv morose, ce qui ajoute au malaise que l’on ressent à la lecture. Les protagonistes sont équivoques et déconcertants. Avraham Avraham empêtré dans ses difficultés personnelles ne semble pas prendre très à cœur cette disparition qui devient pourtant rapidement inquiétante. L’enquête piétine. 

Même si j’ai eu un peu de mal à entrer dans le roman, il n’en reste pas moins que c’est un polar intéressant, d’autant qu’en Israël il n’y a pas de tradition du roman policier. Les auteurs de ce genre sont donc rares.   

« Savez-vous pourquoi il n’y a pas de littérature policière écrite en Israël ? Lui demanda-t-il soudain. 

… Parce que chez nous, il n’y a pas de tueurs en série, pas d’enlèvements et quasiment pas de violeurs qui agressent les femmes dans la rue. Chez nous, si quelqu’un est assassiné c’est en général le fait du voisin, de l’oncle ou du grand-père, pas besoin d’une enquête compliquée pour découvrir le coupable et dissiper le mystère… » 

Pour poursuivre la rencontre avec le polar israélien vous pouvez lire aussi la romancière Batya GOUR  (1 titre disponible sur le site de Condorcet) et la trilogie consacrée à Israel de l’auteur et journaliste Alexandra SCHWARTZBROD (le 1er volet de cette série : Balagan, est disponible à la Ludo-bibliothèque).