John le Carré de son vrai nom David Cornwell est décédé le 12 décembre dernier, à l’âge de 89 ans. Ce maître du roman d’espionnage, qui a exercé plusieurs années dans les services secrets britanniques, nous laisse vingt-cinq romans, plusieurs sont des chefs-d’œuvre de la littérature d’espionnage, et un volume de mémoires, « le Tunnel aux pigeons » (2016).
C’est avec son troisième roman alors qu’il
était toujours en activité : « L’espion qui venait du froid » (1964),
qu’il devint célèbre.
Résumé:
Pendant la Guerre froide, les services secrets du Royaume-Uni et de l'Union soviétique manipulent un agent britannique pour détruire la crédibilité de certains membres de la hiérarchie des services secrets d'Allemagne de l'Est afin de sauver un agent double en passe d'être démasqué.
Auteur
de la guerre froide, son succès ne se dément pourtant pas à la fin du
conflit opposant l’ouest et le bloc de l’Est et au levé du rideau de
fer. Il écrit sur le conflit israélo-palestinien « La petite fille au
tambour » paru en 1983.
Résumé :
Adieu Smiley, bonjour Charlie, la nouvelle héroïne de John le Carré.
Comme on pouvait s'y attendre, elle ne répond à aucun des clichés du
genre: petite actrice anglaise embarquée malgré elle dans un rôle de
véritable espionne, elle est plutôt paumée et - n'était sa sensualité
rayonnante - elle serait même plutôt moche... Et pourtant, elle est
inoubliable.
Adieu le Cirque et bienvenue - si l'on peut dire! - au Moyen-Orient, où
les valises explosent, les cœurs éclatent et les intrigues, vraies ou
fausses s'enchevêtrent.
Roman d'espionnage et d'amour avec lequel, en prime, John le Carré nous
livre tous les dessus et dessous du conflit israélo-palestinien et du
terrorisme international. Il ne nous épargne rien des horreurs, devenues
monnaie courante, de la bombe artisanale. La seule chose qu'il a gardée
pour lui, c'est la notice de sa fabrication.
Avec « La Maison Russie » (1989), il propose l’un des premiers romans politiques sur la perestroïka.
Résumé :
En ces temps incertains du troisième été de la perestroïka, à Moscou
lors de la première " foire audio ", le VRP Niki Landau se voit confier
par une superbe Russe inconnue un manuscrit à rapporter en Angleterre et
remettre à Barley Scott Blair, éditeur poussiéreux, saxophoniste
amateur et pilier de bar avéré. Or ce document contient des secrets
militaires qui pourraient changer le cours de l'histoire.
Pris en main par les experts de la Maison Russie qui l'enrôlent malgré
lui dans les Services secrets de Sa Majesté, Blair a pour mission de
remonter à la source et de découvrir les intentions cachées de l'auteur,
un physicien soviétique surnommé Goethe, par l'intermédiaire de sa
jolie messagère, Katia. Mais l'espionnage n'est plus ce qu'il était et
le Rideau de fer rouille trop vite aux yeux des faucons de la guerre
froide.
De Londres à Leningrad et Moscou, Barley Scott Blair devra
trouver seul sa propre voie, déchiré entre héroïsme d'un autre âge,
idéalisme désabusé et découverte du grand amour.
Les temps changent, les héros aussi. Témoin éclairé de la nouvelle donne
géopolitique dans les rapports Est-Ouest, John le Carré nous livre ici
un magnifique roman d'anti-espionnage qui fustige les conservatismes de
tout crin.
Écrivain engagé, il n’hésite pas à faire une satire sans concession des dérives du monde et de nos dirigeants. Il dénonce les machinations des multinationales pharmaceutiques dans un Kenya post-colonial « La Constance du jardinier » (2001), l’exploitation de la misère en Afrique, « Le Chant de la mission » (2007), la corruption et l’activisme de diplomates obsédés par les femmes et l’argent « Le Tailleur de Panama », (1997). Dans « Une amitié absolue » (2004) il dénonce la guerre d’Irak et fustige le couple Bush-Blair et dans son dernier roman « Retour de Service » (2019) il brosse un portrait sans concession du Premier Ministre Boris Johnson.
Plusieurs de ces romans ont été adaptés au grand écran, ou pour la télévision.
Nous avons déjà évoqué "La maison Russie" avec Sean Connery et Michelle Pfieffer en 1990. Mais aussi "The constant gardener" avec Ralph Fiennes et Rachel Weisz en 2005
ainsi que "La taupe" avec Gary Oldman et Colin Firth en 2011.
"Nous avons perdu une grande figure de la littérature anglaise", a déclaré Jonny Geller son agent, louant son "grand esprit", sa "gentillesse", son "humour" et son "intelligence".
Un court extrait du "Polar sonne toujours 2 fois" qui salut la mémoire de l'auteur, diffusé sur France Inter ici.