AU COMMENCEMENT ETAIT LE JAUNE
1929, date historique pour la littérature policière dans de
nombreux pays. En France, le commissaire Maigret fait son apparition dans le
roman « Pier le Letton » de Georges Simenon. Aux Etats Unis, Sam
Spade, le privé de Dashielle Hammette, fait son entrée dans la revue Black
Mask tandis qu'Ellery Queen publie son
premier roman, le Mystère du Chapeau de Soie.
En Italie, le
contexte culturel et intellectuel de l'époque apparaît propice à la création
d'une nouvelle collection littéraire : le public dévore non seulement les
romans dits "classiques" mais aussi les romans à l'eau de rose et les
romans feuilletons. Arnoldo MONDADORI,
fondateur d'une des plus grandes maisons d'édition en Italie, cherche de
nouveaux débouchés éditoriaux et décide de proposer un nouveau genre de
littérature qui s'est imposé en France et en Angleterre : le roman policier.
Il décide
alors de faire paraître « La mystérieuse affaire Benson » de
l'écrivain américain SS VAN DINE qui devient le premier "giallo"
publié en Italie. Suivront bien d’autres
ouvrages, uniquement des traductions de
romans américains, anglais ou français.
Cette nouvelle
collection prend le nom de "I Libri Gialli" (les
livres jaunes).L'origine de ce nom, qui fait l'identité de la collection, reste
assez mystérieux et les versions divergent.
Nous
retiendrons donc celle selon laquelle Mondadori aurait choisi de confier
l'illustration de la couverture du roman de Van Dine à l'illustrateur américain
Abbey, lequel fit un dessin enfermé dans un hexagone (qui deviendra par la
suite un cercle) sur un carton jaune.
Lors d'une
réunion avec ses collaborateurs Mondadori propose ce croquis ainsi que le nom
de gialli qui sera utilisé pour définir le genre
policier italien.
Cette appellation se
généralisera pour désigner le genre policier italien.
En 1931, le Ministère la Culture Populaire fasciste imposera
à chaque collection de publier un minimum de 20% d'œuvres d'auteurs italiens.
Le premier
auteur italien à entrer sur la scène de l’histoire du roman policier italien
est Alessandro Varaldo, qui publie « Il Sette Bello »
où apparaît le commissaire Ascanio Bonichi. Il créera également un autre personnage,
le détective privé Arrigo Arrighi que l’on découvre dans « La Scarpette
Rosse »
En dépit du
succès public rencontré par les romans d’Alessandro
Varaldo, les écrivains italiens hésiteront à se confronter à ce genre et
ceux qui se lancent dans l’aventure feront une parodie de roman policier en
créant des enquêteurs grotesques, en supprimant la présence de cadavre, le tout
sur fond idyllico-agreste, évitant l’atmosphère citadine ou métropolitaine.
Il faudra
attendre à la fin des années 30, les romans d’Ezio d’Errico et Augusto
de Angelis pour trouver les
premières présences encore timides d’un décor urbain. Ajoutons Guglielmo Giannini et Vasco Mariotti qui avait une
prédilection pour les histoires truculentes et les atmosphères exotiques,
faisant parfois référence au sexe et à l’amour, ce qui est nouveau dans la
tradition policière italienne.
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