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vendredi 31 août 2018

Les assassins de la route du nord d'Anila Wilms

Au printemps 1924, deux Américains sont assassinés sur une petite route de montagne dans le nord de l'Albanie. Contraire au Kanun, le code ancestral des montagnes, qui place l'hospitalité au plus haut rang des vertus, le crime, qui a touché le fils d'un sénateur américain, plonge le petit État dans une crise diplomatique qui risque de dégénérer en guerre civile. Mais que fabriquaient ces Américains sur la route du Nord ? Leur présence était-elle liée aux rumeurs selon lesquelles la région renfermerait d'abondantes ressources pétrolières ? Et qui a bien pu vouloir leur mort ? 

Avis d'un membre du club Rouletabille (Michel E.) :


Le Kanun -  loi ancestrale des montagnes albanaises – est là pour tout codifier : "la route a des mesures précises : une hampe et demie ; on ne refuse pas l’hospitalité a un étranger qui est considéré comme un hôte sacré, tout affront doit être lavé par le sang… »
Le roman se poursuit comme un polar. Une voiture tombe dans une embuscade. Des bergers trouvent ses occupants morts. Les victimes sont deux Américains et le meurtre a très vite des retentissements diplomatiques.
On imagine que l'enquête cherchera les coupables, les motifs.
Sauf qu’il n’y a pas  d’enquêtes ! Dans la mesure où il n’y a pas de témoins, pas de motif, ni d’ailleurs même d’enquêteur…
L'histoire se poursuit à Tirana, modeste bourgade devenue capitale d'un état Albanais encore balbutiant.... or ce qui est arrivé est donc aux antipodes de l'esprit du Kanun.
Journalistes, diplomates, habitués des cafés se passionnent pour ce qui est devenu une affaire d'Etat.
Le roman policier cède le pas à un roman historique se déroulant pendant une période difficile de la jeune démocratie albanaise puisque que le premier ministre a été victime d’un attentat en 1924. Différentes factions se disputent le pouvoir :  le Premier ministre, Fuad Herri, s'appuie sur les montagnards et la tradition, l'évêque Dorothéus revient d'émigration en Amérique et veut moderniser les moeurs politiques, les beys, enfin, ne veulent pas céder le pouvoir qu'ils détiennent depuis l'Empire Ottoman.
Les puissances étrangères ne restent pas inactives : Américains et Britanniques convoitent le pétrole albanais. Serbes, Monténégrins et Grecs, verraient d'un bon oeil des rectifications de frontière à leur profit. Mussolini étendrait volontiers sa sphère d'influence à l'Albanie. Après des siècles de domination de l’empire ottoman,  les règles de la démocratie occidentales fonctionnent très imparfaitement, d'autant plus que la corruption est de rigueur. Les bakchichs sont monnaies courantes
"rafle tout ce que tu peux aujourd'hui, demain est dans les mains d'Allah". 
Le récit de la crise politique est cependant loin d'être ennuyeux.
L'énigme finit même par être résolue !

Les adeptes de polar resteront évidemment sur leur faim …

Note : 12/20

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